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Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL au deuxième trimestre de 2024?

Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL au deuxième trimestre de 2024?

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Sur notre radar : la popularité grandissante de l’intelligence artificielle (IA) générative, le rôle du secteur dans la réponse aux catastrophes et le vieillissement de la population canadienne

Dans nos réseaux et communautés, tout le monde se réjouit de l’arrivée du printemps et de la belle température. En même temps, les défis, connus et nouveaux, ne manquent pas. Dans ce billet de notre série trimestrielle, nous tenterons de vous aider à mieux comprendre trois grandes tendances : l’IA, la fréquence accentuée des catastrophes naturelles et le vieillissement de la population canadienne.

Les organismes à but non lucratif (OBNL) adoptent l’IA générative à un rythme comparable à celui du secteur privé et estiment que son utilisation permet de remplacer de la main-d’œuvre.

L’IA semble sur toutes les lèvres ces temps-ci. Mais qui l’utilise vraiment? Les résultats de la dernière Enquête canadienne sur la situation des entreprises nous renseignent à ce sujet. Tous secteurs économiques confondus, 9 % des entreprises et organisations disent utiliser l’IA, et 5 %, vouloir l’utiliser. Son adoption par le secteur à but non lucratif progresse à des taux similaires : 7 % des OBNL disent utiliser l’IA et 4 % affirment prévoir le faire1.
 
L’Enquête permet également de mieux comprendre la valeur perçue de l’IA par le secteur. Ainsi, 78 % des OBNL estiment que l’IA permet de créer du contenu créatif plus rapidement, 31 %, de prendre des décisions fondées sur des données et 25 %, d’améliorer l’expérience client2.
 
Les données sur le lien entre l’emploi et l’utilisation de l’IA générative suscitent le plus d’intérêt. Ainsi, interrogés sur la valeur qu’ils voient dans l’utilisation de l’IA pour automatiser certaines tâches et remplacer du personnel, seulement 1 % des OBNL répondent « oui », contre 14 % des entreprises du secteur privé. Toutefois, les OBNL sont plus susceptibles que les entreprises privées (23 % vs 10 %) d’affirmer qu’ils voient une valeur dans l’utilisation de l’IA afin de contourner les défis inhérents au recrutement et à la rétention. L’interprétation de ces résultats n’est guère certaine, mais il semblerait que les OBNL sont plus susceptibles de voir l’IA comme un moyen pour contrer les difficultés sur le plan de la main-d’œuvre plutôt que pour réduire la taille de leur personnel.

À mesure que la fréquence des événements climatiques augmente, le secteur des OBNL aura un plus grand rôle à jouer dans la gestion des catastrophes.

Les catastrophes naturelles liées au climat se sont multipliées ces dernières années. On n’a qu’à penser à la tempête Fiona, aux rivières atmosphériques en Colombie-Britannique, aux incendies de forêt qui ont fait rage partout au pays et aux inondations ayant touché le Québec. Le réchauffement de la planète laisse présager une fréquence accrue de tels événements.
 
Malheureusement, les données suggèrent que le Canada n’est pas bien préparé pour faire face à ces événements. En 2023, nous avons fait appel à 4 990 pompiers.ières internationaux.ales pour combattre des incendies records. Ces derniers.ières sont venu.e.s prêter main forte aux 5 821 pompiers.ières canadien.ne.s déployé.e.s sur le terrain. Les feux de forêt se propagent partout sur la planète et nul ne peut garantir que cette aide sera toujours disponible pour répondre à notre appel. De plus, au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus courant de demander l’aide de l’armée pour répondre en cas de catastrophe. Entre 2010 et 2016, l’armée a reçu deux demandes par année en moyenne pour fournir de l’aide aux sinistrés (en anglais). En 2023, elle est intervenue à huit reprises. L’intervention en cas de catastrophes ou d’urgence ne représente qu’une des missions centrales de l’armée. Par conséquent, le recours de plus en plus fréquent à l’armée pour ce type de soutien exerce de la pression sur ses capacités et peut avoir un effet sur ses autres missions.
 
Certain.e.s avancent que la formation de bénévoles et la participation d’un plus grand nombre d’OBNL aux activités de secours en cas de catastrophes devraient devenir un élément clé du plan d’intervention en cas de catastrophes du Canada. Cependant, pour en assurer la sécurité et l’efficacité, les organismes auront absolument besoin de financement et de formation. Selon les données disponibles, la société canadienne, tant du côté des organismes que des individus, n’est pas préparée à jouer ce rôle. Une enquête réalisée par Statistique Canada en 2022 a révélé que 50 % des Canadien.ne.s se disent très ou extrêmement préoccupé.e.s par les conséquences possibles d’urgences météorologiques sur leur ménage. En même temps, seulement 24 % des ménages avaient pris des mesures pour se préparer à une telle situation au cours de l’année précédente3. En ce qui concerne les OBNL, selon une autre enquête récente de Statistique Canada, seulement 8 % des organismes estiment que les changements climatiques ou les conditions météorologiques représentent un obstacle dans les trois prochains mois4. De même, une étude produite par l’Université Carleton a constaté que la préparation aux urgences et la gestion de crise constituent une priorité pour seulement 2 % des organismes de bienfaisance5.
 
L’exemple de Calgary fournit un modèle pour la formation des bénévoles et la participation des OBNL. En 2013, la ville a connu des inondations majeures qui ont contraint des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs résidences et ont affecté 4 000 entreprises et OBNL. Cette expérience a mené à de sérieux efforts pour préparer les individus, familles, entreprises et OBNL à de futures catastrophes. Aujourd’hui, l’Agence de gestion des urgences de Calgary (CEMA) (en anglais) offre des cours gratuits en ligne pour les jeunes et les adultes. Elle travaille aussi avec plus de 60 bureaux municipaux, agences externes, OBNL et partenaires communautaires pour préparer la population et savoir réagir aux désastres. À la fin de 2021, 67 % des membres de la CEMA ayant au moins trois employé.e.s avaient reçu une formation pour le fonctionnement d’un centre d’opérations d’urgence.
 
Quelle que soit la volonté du secteur à contribuer à la gestion des urgences, il semble évident qu’il sera appelé à jouer un rôle plus important. Les responsables dans les organismes doivent prévoir cette possibilité dès maintenant.

Le secteur des OBNL doit se préparer aux changements amenés par le vieillissement de la population.

C’est un fait bien connu, la population canadienne est vieillissante. Pourtant, nous en savons trop peu sur les conséquences de cette réalité pour le secteur, et peu d’organismes semblent prêts à s’y adapter.
 
Sur le plan de la main-d’œuvre, le nombre de personnes approchant l’âge de la retraite est supérieur au nombre de jeunes prêt.e.s à les remplacer.En mars 2024, le Canada comptait 12,3 millions de personnes âgées de 55 ans ou plus, incluant 4,4 millions d’employé.e.s6. Il n’y avait que 4,8 millions de personnes dans le groupe d’âge des 15 à 24 ans, comprenant 2,7 employé.e.s. Au cours de la prochaine décennie, cette réalité démocratique devrait contribuer à une pénurie de main-d’œuvre persistante et à une augmentation des salaires. Elle frappera encore plus fort dans le secteur des OBNL, puisque nos effectifs sont plus âgés que la moyenne dans l’économie canadienne et que les organismes peinent à offrir des salaires et des avantages sociaux compétitifs7.
 
Les conséquences seront multiples. D’un côté, de nombreux organismes auront de la difficulté à remplacer du personnel retraité. Les jeunes qui amorceront leur vie professionnelle dans un contexte inflationnaire ne pourront survivre avec les salaires offerts par beaucoup d’OBNL, malgré leur dévouement pour les causes défendues par le secteur. D’un autre côté, certains organismes compteront sur une main-d’œuvre plus âgée que jamais. La crise du coût de la vie force déjà certaines personnes à reporter leur départ à la retraite. Qui plus est, le faible niveau des salaires et l’absence de fonds de pension pourraient faire de la retraite un projet particulièrement difficile à réaliser pour les employé.e.s du secteur. Ces personnes auront besoin de formation pour suivre le progrès technologique et, possiblement, des besoins différents en matière de flexibilité et d’adaptation du lieu de travail. En même temps, les travailleurs.euses plus âgé.e.s offrent de nombreux avantages, entre autres des décennies d’expérience et de vastes connaissances sur le fonctionnement et les réseaux d’une organisation.
 
Dans ce contexte, et plus important que jamais, le secteur doit trouver des façons pour offrir des emplois décents avec des salaires viables qui permettent aux employé.e.s d’économiser en vue de leur retraite.
 
La réalité du vieillissement de la population aura d’autres conséquences, notamment sur la demande pour certains services et sur les dons et le bénévolat. Les centres de services pour personnes âgées, les programmes de popotes roulantes, les résidences de soins de longue durée, et les organisations de services sociaux et de santé pour personnes âgées doivent se préparer à voir leur clientèle augmenter. De plus, les Canadien.ne.s plus âgé.e.s ont longtemps été de loyaux bénévoles et donateurs.trices; or, leur engagement a décliné ces dernières années. Bénévoles Canada milite pour une stratégie nationale de l’action bénévole pour contrer la crise. Nous avons accueilli favorablement l’appui pour cette initiative annoncée dans le récent budget fédéral.

 

 

 

1  Statistique Canada, tableau 33-10-0784-01, Utilisation de l’IA générative par l’entreprise, premier trimestre de 2024.

2  Statistique Canada, tableau 33-10-0785-01, Valeur créée ou pouvant être créée par l’IA générative, premier trimestre de 2024.

3  Statistique Canada, La préparation aux urgences météorologiques au Canada.

4  Statistique Canada, tableau 33-10-0635-01, Obstacles à surmonter par les entreprises ou organismes au cours des trois prochains mois, premier trimestre de 2023.

5  CICP-PCPOB, 2024, CICP-PCPOB Weekly Report-Rapport Hebdomadaire (No. 2.1.1) Philanthropy and Nonprofit Leadership, Université Carleton. https://carleton.ca/cicp-pcpob/file/2-01-01-fr/

6  Statistique Canada, tableau 14-10-0287-03, Caractéristiques de la population active selon la province, données mensuelles désaisonnalisées.

7  Jensen, Emily, Notre diversité, notre force : pour de meilleures conditions de travail dans le secteur à but non lucratif (Imagine Canada, 2022), p. 6.

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Emily Jensen

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